3VTA7CGB civilisation britannique : Science, foi et raison dans la Grande-Bretagne des 17 et 18e siècles
Programme
Première partie (Sandrine Parageau) Après un bref rappel de la Réforme et des conditions d’adoption du protestantisme dans les îles Britanniques, ce séminaire s’attachera à montrer dans un premier temps ce qu’il advient de la foi ou de la religion dans le contexte de l’apparition d’une science moderne. À la suite des grandes découvertes astronomiques, qui modifient profondément la conception du monde et la place de l’homme dans un univers désormais infini, de nouvelles méthodes d’étude de la nature et de l’homme sont élaborées : elles permettent l’avènement d’une science moderne, qu’on appelle « Révolution scientifique ». On montrera que, contrairement aux idées généralement admises, la science qui émerge alors ne contredit en rien la religion et se présente même au contraire comme un outil de défense du protestantisme. On étudiera quelques passages tirés de textes de savants rattachés à la Royal Society de Londres pour montrer comment science et foi sont articulées au XVIIe siècle.
Deuxième partie (Clotilde Prunier) Les Lumières, « Âge de la Raison », sont souvent associées au rejet du religieux en France. On verra qu’il n’en est rien Outre-Manche, où les penseurs défendent pour la plupart la foi (protestante). À l’instar de Locke, qui publie The Reasonableness of Christianity en 1695, ils prônent une religion raisonnable qui s’attache à concilier la voix de Dieu et les voies de la raison. Leurs écrits portent la marque de l’empirisme qui caractérise les travaux des membres de la Royal Society. Le primat de la raison se révèle être à double tranchant pour les Églises protestantes car, poussé à son terme, il peut mener au déisme (John Toland) voire au scepticisme (David Hume). Il a également des répercussions sur le culte : la religion pratique prend le pas sur le dogme tant en Angleterre qu’en Écosse. Enfin, tout au long du XVIIIe siècle, des manifestations du sentiment religieux – superstition ou/et enthousiasme selon les tenants de la religion raisonnable – s’inscrivent en contrepoint du primat de la raison. On étudiera des extraits de textes de penseurs (Locke, Toland, Hume) et d’hommes d’Église (méthodistes, entre autres), pour mettre au jour la relation – possible ou impossible – entre foi et raison.
Bibliographie
Sources primaires
Bacon, Francis. The Advancement of Learning, Londres, 1605
Boyle, Robert. The Christian Virtuoso, Londres, 1690
Hume, David. An Enquiry Concerning Human Understanding (Sect. X: Of Miracles), 1748
Locke, John. An Essay on Human Understanding (Book IV), 1690
Sprat, Thomas. The History of the Royal Society, Londres, 1667
Toland, John. Christianity not Mysterious, 1696
Toutes ces sources peuvent être consultées sur les bases de données EEBO et ECCO, disponibles en accès libre à partir du portail documentaire de l’Université : http://bdr.parisnanterre.fr/ Les extraits étudiés seront regroupés dans la brochure distribuée au début du semestre.
Sources secondaires Tous ces ouvrages sont à la B.U (ou disponibles à partir du portail documentaire)
Hazard, Paul. La Crise de la conscience européenne (1935) Version en ligne
Hempton, David. ‘Enlightenment and faith’ in Paul Langford (ed.), The Eighteenth Century, 1688-1815, Oxford: Oxford University Press, 2002, pp. 71-102 (Short Oxford History of the British Isles)
Koyré, Alexandre. Du monde clos à l’univers infini (1957), trad. R. Tarr, Paris, Gallimard, 1973
Kroll, Richard, Richard Ashcraft and Perez Zagorin eds. Philosophy, Science, and Religion in England, 1640-1700, Cambridge, CUP, 1992
Pocock, J.G.A. ‘Enthusiasm: The Antiself of Enlightenment’, Enthusiasm and Enlightenment in Europe, 1650-1850 (1997), Huntington Library Quarterly, 60, pp. 7-28
Rivers, Isabel. Reason, Grace and Sentiment : a study of the language of religion and ethics in England, vol. 1 Whichcote to Wesley, Cambridge, CUP, 1991
—. Reason, Grace, and Sentiment : a study of the language of religion and ethics in England, 1660-1780, vol. 2 Shaftesbury to Hume, Cambridge, CUP, 2000
Shapin, Steven. The Scientific Revolution, Chicago & Londres, The University of Chicago Press, 1996
Willey, Basil. The Eighteenth-Century Background (1940), Harmondsworth, Penguin, 1965 (en particulier les chapitres 1, 2, 5 & 7)